lundi 13 juillet 2015

Elle marche seule...


Dans la série "États d'âme..."

Elle marche seule
Dans les rues qui se donnent
Et la nuit la pardonne, elle marche seule
En oubliant les heures
Elle marche seule
Sans témoin, sans personne
Que ses pas qui résonnent, elle marche seule...


Elle a mis son pantalon style jogging, ses jolies baskets noires et roses dans les quelles elle met des talonnettes en silicone pour ses épines calcanéennes, elle a mis un tee-shirt tête de mort, noir et blanc, un foulard tête de mort rose et un bracelet tête de mort de rose, et sur son nez, ses grosses Ray-Ban, qu'elle appelle ses lunettes de mouches...
Elle marche, mais elle a un but, elle ne peut plus se permettre le but d'errer sans but, de se balader juste pour le plaisir, son état de santé ne le lui permet plus... Qu'à cela ne tienne, quand elle a quelque chose à faire, elle le planifie minutieusement en se disant qu'elle sort...
Elle ne prend pas le tram, non, elle se remplie de la vue des vitrines, elle vit, elle voit les passants, elle entend les bruits de la rue, les bruits de la vie... Elle regarde les passants dont certains ont des looks improbables, elle regarde les passants avec chiens, et oui, elle a un chien, qu'elle a bien du mal à sortir, qu'elle n'a pas emmené car elle n'aurait pas tenu le coup vu comme la demoiselle tire sur sa laisse et comme elle a mal aux cervicales, aux bras, aux poignets et aux mains...
Elle avance, un pied devant l'autre, doucement à son rythme, ivre d'air, ivre des bruits du quotidien, des bruits de la ville et de la vie...
C'est que la sortie du jour à un but, une énième visite chez l'opticien car Miss Gaïa a encore mangé ses lunettes, heureusement sous garantie...
Allez, on tourne à Dubouchage, on attaque le morceau de gloire, monter en haut de Jean Médecin... On va doucement on traverse par Nice-Étoile, on bave devant chez Lancel puis on regarde vaguement les autres vitrines, halte devant Desigual, "La vida es Chula", elle aime Desigual, vitrine d'après Habitat, là aussi elle regarde, les bougies, les vases, les décos de jardin, elle rêve à sa future terrasse...
Sortie de Nice-Étoile, elle remet les lunettes de mouches, il fait beau, que va-t-elle choisir, traverser par Monoprix ou pas? Oui, on va traverser par Monoprix, c'est climatisé, elle va regarder le maquillage, les vernis, et ressortira victorieuse de l'enseigne au M énorme car vu ses divers stocks, elle n'a rien acheté. 
Remise des lunettes et on monte l'avenue, on arrive devant le magnifique bâtiment où il y a la FNAC, quand elle était enfant cela s'appelait "Les Dames De France", elle y allait avec sa grand-mère, il y avait le fabuleux étage des jouets où petite-fille et mémé finissait immanquablement par arriver... Et elles regardaient toutes les deux, et finissaient par repartir avec le jouet dont elle avait rêvé...  Il faut dire que petite-fille unique "arrivée sur le tard comme on disait à l'epoque" que ce soit Pépé ou Mémé, il lui suffisait de regarder le jouet convoité pour l'avoir... 
Maintenant cet immeuble est divisé en plein de magasins et ça ne lui plait guère... Cela n'a plus aucun prestige, les enseignes changent souvent, mis à part la FNAC, inébranlable mais où il n'y a jamais le livre qu'elle veut...
Elle sort sa bouteille d'eau dans sa housse isotherme de son sac et boit. Et oui, elle a sana arrêt la gorge sèche depuis que la fibromyalgie sévit en elle..
Et hop on traverse l'avenue Notre-Dame, on est bientôt arrivée... 
On regarde la Basilique, éclatante de blancheur, ça fait du bien de penser à cet îlot de calme et de piété au milieu de la foule... 
Elle revoit la communion de l'ado, l'enterrement de sa mère, que de souvenirs dans cette basilique, bons ou mauvais, la Basilique fait partie intégrale de sa vie... 
On continue, on regarde la vitrine D'H&M, finalement souvent elle trouve de petites choses sympa et bon marché, elle aime bien H&M, elle se revoit au H&M de la Rue de Rivoli, dans son Paris bien aimé, avec son amie Apolline entrain d'essayer des bottines façon Docks Martens et de danser seule au milieu du magasin indifférente aux regards des autres clients la prenant pour une folle, elle s'en fout, quand elle se lâché ce n'est pas pour rien... La maladie lui avait accordé une accalmie lors de ces quelques jours parisiens... Quel bonheur, souvenirs chers à son cœur, son Apolinne, les musées, les pic-niques dans sa chambre d'hotel, que du bonheur...
Elle traverse l'avenue, faisant attention aux trams et entre chez l'opticien... 
Là bien sur elle se met à transpirer, ruisseler, merci la fibromyalgie, c'est affreux... 
Elle sort son paquet de Kleenex, s'éponge, a  un sentiment de gène et de honte, c'est vrai que les gens ne savent pas que ces crises de sueurs inélégantes sont aussi un des symptômes de la maladie... 
Elle s'assied, attend son tour, attendant aussi que sa transpiration abondante s'arrete de couler... Intérieurement elle râle contre cette fichue fibromyalgie et ses symptômes tous aussi pénibles les uns que les autres... C'est la vie, on a signé pour en c... Comme diraient certains...
Enfin, c'est à elle, elle s'installe, l'opticienne plaisante avec elle sur les dégâts faits par Miss Gaïa avec 
les lunettes, le pire c'est que lorsqu'elle l'a emmenée avec elle, la Peste n'a même pas regardé une seule monture.... Celle-là alors... Le plateau avec ses deux paires de lunettes l'attend, on fait les réglages, tout va bien, il y a ses lunettes pantoufles, celles qu'elle ne met qu'à la maison car elles sont très légères et confortables.
Elle glisse les deux étuis dans son grand sac et elle repart... Le retour à la maison lui semble plus simple ne serait ce que pour la légère déclivité de l'avenue Jean Médecin... Là du coup, elle trotte, dans sa tête elle fait la mini liste de courses qu'elle prendra au supermarché Casino... Pas de choses trop lourdes ni trop encombrantes d'ailleurs elle n'a pris qu'un seul tote Bag en tissu pour les courses. Elle a de petits gestes écologiques comme ça,  les tote bags en tissu pour les courses, d'ailleurs maintenant à son Casino, le rayon fruits et légumes n'a plus que des sacs en papier, en papier marron comme ceux qu'avaient les épiciers dans son enfance, tous les mercredis elle fait ses poubelles jaunes... Elle entre au supermarché, elle fait deux courses vite fait et paye a l'automate, elle adore ça payer à l'automate, chaque article bipe qund il passe devant le scanner, c'est bien le genre de choses qui l'amuse... Elle met ses achats dans le tote bag et repart, dernière ligne droite avant d'être enfin à la maison, c'est la plus longue, elle est malgré tout chargée, elle peine, cette fichue transpiration lui coule dans les yeux, c'est pénible, elle tourne le coin de sa rue, plus que 20 mètres et elle sera chez elle. Elle rangera les courses, se déshabillera entièrement car ses vêtements sont trempés et elle grelotte, elle attrape le séchoir àcheveux et se sèche corps et cheveux puis elle remet des vêtements secs et se pose enfin avec le cocker qui lui fait des fêtes et fait l'andouille trop content d'avoir récupéré sa maîtresse...







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