Joseph Page, ce poilu de la Grande Guerre

Il s'appelait Joseph Page et c'était mon arrière grand-oncle.
Il était né au XIXème siècle, quand la France a mobilisé ses troupes, il avait une vingtaine d'années.
Il était le responsable d'une florissante industrie du Chambon Feugeurolles, Les Limes à La Tête de Cerf, en attendant la majorité de son neveu (mon grand-père, Joseph Page, également) dont le père était décédé un mois avant sa naissance.

Il était l'espoir d'une famille, il était l'oncle Baby, comme l'appelait mon grand-père, il était à la fois son père, son frère, son compagnon de jeu et il il est parti en 1914 la fleur au fusil ou plutôt l'angoisse serrant son corps. Ce bel homme qui aurait pu avoir une belle vie est rentré vivant de la guerre, vivant oui, mais ayant subi les gaz des tranchées...
Il a survécu à la guerre, son nom n'est même pas sur un monument dédié à ceux qui sont tombés pour la France, il est décédé en 1920 après deux ans d'agonie et de souffrances laissant toute une famille dans la peine.

Moi j'ai toujours entendu mon grand-père qui parlait de l'oncle Baby et de ses terribles quintes de toux qui le laissait exsangue et sans voix, qui au bout de deux terribles années l'ont achevé.
J'ai eu la chance en rangeant des affaires l'autre jour de tomber sur une vieille boîte à biscuits, en fer, toute rouillée avec à l'intérieur des tas de photos, dont les photos de l'oncle Baby. J'ai enfin pu mettre un nom sur une légende. Il est pour moi une légende, ce jeune homme qui est parti combattre loin des siens dans l'enfer des tranchées et qui envoyait des photos de lui en uniforme sur lesquelles il souriait, l'air bravache, avant de retourner dans cet enfer de boue, de sang et de mort.
En ce 11 Novembre 2014, un siècle après le début de La Grande Guerre, je vous rends ce modeste hommage, à vous qui êtes parti défendre votre pays ainsi qu'à tous les hommes partis aussi, tombés ou pas au champs d'honneur mais pour qui une chose comptait leur pays, La France.s